Une année qui a commencé en mars, puis à Noël, puis au premier janvier. Des calendriers solaires ou lunaires. Des années juliennes ou grégoriennes. Il y a de quoi se perdre dans les mystères des calendriers. Quel jour sommes-nous ? La question est plus complexe qu’on le pense.
Chez les romains, jusqu’en 153 avant l’ère chrétienne, l’année commençait le 1er mars. Cela permet de comprendre une petite bizarrerie au niveau des mois du calendrier : septembre n’est pas le septième mois comme son nom l’indique, mais le neuvième ; pareillement pour les suivants : décembre n’est pas le dixième mais bien le douzième mois. Tout rentre dans l’ordre si l’on revient à cette époque où l’année commençait en mars : septembre était bien alors le septième mois, octobre le huitième, et ainsi de suite.
Jules et Auguste.
Le calendrier est riche de particularités qui nous ramènent aux romains. On peut faire remarquer que, jusqu’en juillet, seuls les mois impairs ont 31 jours. Il y a alors un mois pair qui fait exception, c’est août. La raison nous ramène donc au monde romain. Juillet, c’était le mois dédié à Jules César (Julius en latin).
Par la suite, l’on a voulu dédier un mois à l’empereur Auguste. Ce fut août, terme qui vient d’Augustus, nom de l’empereur en latin. Il n’était pas question de privilégier un empereur par rapport à l’autre. Si César avait un mois de 31 jours, il fallait bien qu’Auguste ait droit à la même chose.
Mais l’on se retrouva alors avec un jour de trop dans l’année. Comme février en avait alors 29, on lui retrancha un jour. C’est donc par la faute de l’empereur Auguste que février n’a que 28 jours, si l’on excepte les années bissextiles.
Noël et le Nouvel An.
C’est vers 354 que la fête de Noël devient le premier jour de l’année. Chez les romains le premier jour du mois était appelé « calendas » et le premier jour de l’année était premier jour du mois par excellence. C’est ce qui explique pourquoi, en savoyard, la fête de Noël porte le nom de « chalende ». Nous avons encore un écho de ce début d’année à Noël au moment du couronnement de Charlemagne. L’on dit aujourd’hui que Charlemagne fut couronné en l’an 800, le 25 décembre, mais dans les Annales de l’époque l’on nous dit que le couronnement eut lieu « à Noël, premier jour de l’année 801 ».
Tout cela peut sembler complexe, mais il faut aussi savoir que l’année, par la suite, a commencé également à Pâques, ou bien le 25 mars, jour de la fête de l’Annonciation, ou bien encore, à Constantinople, au 1er septembre . Ce n’est, en définitive, qu’en 1563, qu’un édit de Charles IX institua le premier janvier comme premier jour de l’année.
Julienne ou grégorienne ?
Le monde chrétien adopta tout d’abord un découpage de l’année conforme à une réforme de Jules César, d’où le nom de calendrier julien. Ce calendrier avait un petit inconvénient, l’année julienne avait 11 minutes et 12 secondes de décalage par rapport à l’année solaire réelle.
Une broutille … mais qui se transforme, en un siècle, en un décalage d’environ 19 heures. En un millénaire le décalage est de presque huit jours. C’est le pape Grégoire XIII qui jugeant que tout cela ne faisait pas très sérieux, décida de remettre un peu d’ordre, en 1582. Cette année là, à Rome, le lendemain du 4 octobre ne fut pas le 5 octobre, mais le 15 octobre.
Il ne s’est donc rien passé du 5 au 14 octobre 1582 pour la bonne raison que ces jours n'ont pas existé. Encore faut-il préciser que cela ne concerne que les territoires qui dépendaient directement de la papauté.
Sur les autres territoires, il fallut plus de temps pour mettre en œuvre cette réforme. En France, par exemple, c’est le lundi 20 décembre 1582 qui a directement suivi le dimanche 9 décembre de la même année.
Pour éviter, à l’avenir, de devoir recourir à un tel procédé, il fut décidé que dans le nouveau calendrier, dit « grégorien », les années bissextiles seraient bien maintenues tous les quatre ans, mais qu’elles seraient considérées comme une année ordinaire quand elles coïncideraient avec une année séculaire (1700, 1800 …), sauf lorsque le chiffre des centaines de cette année serait divisible par quatre ( ce fut le cas en 1600, 2000 et ce le sera à nouveau en 2 400).
En quelle année vivons-nous ?
Le monde fonctionne en partie aujourd’hui en suivant le calendrier grégorien. Il est alors bien évident que nous sommes au 21ème siècle et que nous entrons en 2013 de cette ère chrétienne.
Mais ce n’est qu’un point de repère. Dans le calendrier hébraïque, nous sommes en 5773. Un musulman se repérera par rapport à l’an 1434 de l’Hégire. Bien que Napoléon ait remis en vigueur le calendrier grégorien en France, le 1er janvier 1806, en bons républicains, fidèles aux traditions laïques, nous pourrions continuer à nous repérer par rapport au calendrier mis en place pendant la Révolution. Nous sommes alors en l’an 221 de la République.
Enfin, on ne peut pas ignorer que dans le calendrier maya nous sommes en l’an 1 d’un nouveau cycle long.
Le calendrier fixe.
Cette année, Noël était un mardi. En 2013, ce sera un mercredi. Les fêtes qui ont une date fixe sont donc mobiles dans la semaine.
Au contraire, les fêtes à date mobile, comme Pâques, sont fixes dans la semaine (toujours un dimanche).
Le philosophe Auguste Comte, au 19ème siècle, avait imaginé un calendrier fixe. Il faut alors diviser l’année en 13 mois égaux de quatre semaines, donc des mois de 28 jours. Le 13ème mois, Auguste Comte, imaginait de l’intercaler entre juin et juillet.
Mais 13 mois de 28 jours, cela donne une année de 364 jours. Il en manque donc un. Le philosophe imagina alors un 365ème jour : le 29 décembre qui ne serait ni un lundi, ni un mardi, etc. donc un jour hors semaine. Ce 29 décembre, jour férié, devenant le jour de l’An.
Quant aux années bissextiles, il suffit d’inventer un 29 juin, à la condition que ce jour soit lui aussi hors semaine … et donc férié.